Quels liens existe-t-il entre parentage proximal et écologie ? Entre parentalité et permaculture ? Être un parent « écolo » ou « nature » se réduit-il à des pratiques puériculturelles écologiques au sens standard du terme à savoir essentiellement non polluantes (allaitement, couches lavables ou hygiène naturelle infantile, alimentation biologique, etc.). S’agit-il simplement de ne pas polluer les corps ? N’est-ce pas aussi ne pas polluer les esprits (apprentissages libres, pédagogies alternatives ou a-pédagogie), les cœurs (accueil et écoute des émotions, sommeil partagé, abondance de proximité physique, de câlins), les relations (bienveillance, respect de la singularité, du libre-arbitre et de la liberté d’autrui), étant entendu que tout ce qui fait du bien au cœur fait du bien à l’esprit et aux relations et inversement ?

Partant, l’écologie est une notion que l’on peut appliquer à la parentalité. Il nous semble même qu’aucune réflexion écologique ne peut faire l’économie d’une réflexion sur la parentalité et l’éducation, qui ont longtemps été les trous noirs des mouvements écologistes, et le sont peut-être toujours… On veut des bébés bios et des enfants Montessori, mais sans vraiment remettre en cause l’autorité, la domination, l’accaparement adulte de la vie des enfants.

L’écoparentalité est davantage un mode d’être au monde avec ses enfants qu’un ensemble de « bonnes » pratiques. « Oubliez les douches courtes » nous dit le philosophe écologiste Derrick Jensen de manière provocante pour nous faire comprendre à quel point les micro-gestes écolos sont dérisoires face aux véritables remises en cause radicales d’un modèle civilisationnel structurellement anti-écologique qui sont nécessaires. De la même manière, j’aurais envie de dire « Oubliez le matériel Montessori » si vous pensez que cela suffit à respecter authentiquement votre enfant ou les enfants en général, même si cela vous semble « déjà ça de pris », alors que c’est toute notre culture et notre conception de l’enfance qui sont à questionner.

Écologie radicale et écoparentalité sont liées car la sauvegarde de nos intégrités physiques et psychiques, celles de tous les êtres vivants, ne tolèrent pas de concessions, d’attitudes soi-disant mesurées (comme si la mesure était, dans tous les cas, préférable à la radicalité), de compromis mous. En avoir conscience est un premier pas vers l’écologie authentique, cette attitude globale de respect du vivant, y compris et surtout de l’enfant.

Pour développer cette réflexion sur la parentalité écologique, Mélissa et moi-même vous proposons nos points de vue et réflexions croisés dans une forme particulière de co-écriture.

 

Mélissa : Si l’écologie est la science des relations entre des êtres hétérogènes (et non seulement celle d’individus dans leur milieu), et si l’écologisme est la volonté de faire reconnaître la nécessité de prendre soin de l’environnement, alors, serait écologique toute activité et toute attitude qui prend soin des relations en général. En effet, si grâce à l’écologie, nous prenons conscience que la (bio)diversité et ses liens sont fondamentaux pour la stabilité et la résilience de chaque être alors il devient évident que ce sont ces mêmes liens et relations auxquels nous devons porter notre attention et notre soin.

Selon ce raisonnement, une parentalité écologique serait une relation parents-enfants où les parents prennent soin des enfants en portant une attention à ce qui les lie, en accordant une valeur à ces liens qui, bien plutôt que de les rendre dépendants, libèrent et permettent leur autonomie (et non l’indépendance). Il est donc possible de soutenir que le parentage proximal est écologique. D’autre part, il pourrait également être dit permaculturel dans la mesure où il permettrait à l’enfant de grandir sans entraves, sans aller contre sa « nature », mais avec elle, puisque tel est un des principes majeurs de la permaculture, et parce qu’il permettrait également une certaine forme de résilience, soit la capacité à retrouver un fonctionnement normal après une perturbation, à la fois pour les individus, les sociétés, et l’environnement.

Science et maternage

Daliborka : Les raisons pour lesquelles on adopte des pratiques du maternage proximal, allaitement, sommeil partagé, portage, communication sur les besoins d’élimination, alimentation menée par l’enfant, sollicitude, « répondance [1] », sont très diverses. Toutefois, il semble que la motivation principale des parents soit de « donner le meilleur à leur enfant ». La façon dont ce meilleur est défini est sans doute ce qui nous aide à comprendre en quoi le maternage proximal est une pratique écologique.

Le meilleur est certes déterminé différemment selon les époques, les régions et selon les points de vue. On sait bien comme nos pratiques éducatives d’Occidentaux du 21e siècle diffèrent des pratiques d’Occidentaux du 19e siècle ou de non-Occidentaux contemporains, mettons des !Kung du Kalahari ou des Chleuhs du Haut Atlas. En France, les pratiques puériculturelles ont varié très vite sur une courte période. Durant la première moitié du siècle dernier, l’allaitement des bébés est progressivement délaissé au profit d’une alimentation au lait non-humain. En 1972, seuls 36,6 % des enfants sont allaités au cinquième jour [2]. Et les bébés sont couchés sur le ventre ! Aujourd’hui, un peu plus de 70 % de bébés sont allaités à la naissance et on les couche sur le dos !

Il ne s’agit pas de juger l’ailleurs et l’autrefois à l’aune de ce qui se fait aujourd’hui dans les cultures occidentales. Mais notre époque a ceci de particulier et de formidable que le développement de diverses sciences, depuis la physiologie jusqu’à l’épidémiologie en passant par l’archéologie, nous a permis d’apprendre des choses sur nous-mêmes, sur nos enfants, sur le fonctionnement de nos corps, sur l’influence que ceux-ci ont les uns sur les autres et sur les autres êtres vivants que nous ne pouvions pas connaître ne serait-ce que cent ans plus tôt, si ce n’est d’une certaine manière intuitive. Ces nouvelles connaissances nous permettent de définir un nouveau « meilleur » qui ne serait pas tant une valeur prescriptive (qui établirait un « nouvel ordre moral » de la parentalité), mais la description d’un ensemble de comportements qui favorisent un développement harmonieux des organismes en question ; donc plutôt un horizon qu’une norme. Et si en effet, une pratique écologique est, conformément à la définition plus haut, une pratique par laquelle on prend soin des liens qui existent entre les êtres vivants, de manière à ne pas entraver leur développement harmonieux, alors le maternage proximal est une pratique écologique.

Ainsi les procédures de validation du maternage proximal sont, in fine, des procédures de validation scientifiques qui s’appuient sur la biologie, dont l’écologie n’est qu’un sous-ensemble. En effet, et surtout ces dix dernières années, de nombreuses études sont venues appuyer les « intuitions », qu’elles soient modernes ou ancestrales, de nombreux parents concernant la supériorité des pratiques du maternage proximal du point de vue du développement optimal des enfants. Le nombre des études sur les bénéfices de l’allaitement ne cesse de croître ; chaque année, on découvre, c’est-à-dire on valide par des procédures scientifiques, un nouvel avantage à allaiter son enfant. La recherche en neurosciences dites affectives a explosé ces vingt dernières années démontrant les méfaits de pratiques éducatives comme la fessée [3]. Toutes ces recherches permettent aussi de voir comment des pratiques que je qualifierais d’« anti-écologiques » ont des conséquences délétères qui dépassent largement l’individu pour orienter le destin des sociétés, et avec elles, celui des écosystèmes qui les abritent. Fondamentalement, ces pratiques ne sont qu’un cas particulier d’une disposition générale de notre civilisation technologique qui est fondée sur la « maîtrise de la nature ». Dès lors, se soucier de l’environnement, ça commence sans doute par se soucier du bien-être des enfants et toute démarche écologiste doit impérativement intégrer une réflexion sur l’éducation. Car on ne peut pas produire, ou à tout le moins difficilement, en une personne une conscience profonde des liens qui entrelacent les êtres vivants et induire en elle un souci de ces derniers si elle n’a pas elle-même bénéficié de la même sollicitude qu’on lui réclame envers les autres. En une phrase, dont j’assume le caractère quasi fataliste, des enfants maltraités font des adultes maltraitants de toute forme de vie. Mais comme l’écrit Michel Odent qui est un infatigable optimiste, il y a de bonnes raisons d’espérer, car nous sommes en mesure de comprendre en quoi nos pratiques culturelles ne représentent plus un avantage évolutif pour Homo sapiens [4] et ainsi, de changer de paradigme.

Une écologie généralisée

Mélissa : En effet, prendre soin de l’environnement implique nécessairement de prendre soin de nos enfants qui en font partie. Si des formes d’écologie n’envisagent que la protection de la « nature », cela peut être pour deux raisons : d’abord parce que l’homme se pense en dehors de cette nature, et éventuellement aussi parce qu’il pense que l’intérêt de la « nature » prime sur l’intérêt humain. Or, les deux sont liés : l’homme n’est pas « maître et possesseur de la nature » comme Descartes le soutenait, il fait partie de l’écosystème dans lequel il vit, il y est intégré sans en être à la tête. L’écologie au sens militant du terme ne peut donc pas concerner uniquement le fait de prendre soin de l’environnement, mais également d’autrui et de soi-même puisque ces deux derniers en sont partie intégrante et parce que les atteintes des uns vont nécessairement, de proche en proche, affecter les autres : un environnement pollué pollue les corps et des individus maltraités seront également maltraitants ou auront d’autant plus d’efforts à fournir pour sortir de la maltraitance qu’ils ont été maltraités.

Les problématiques d’équité et de solidarité sont de plus en plus présentes dans certains milieux écolos qui refusent d’évincer l’homme et le social de l’équation dans la mesure où ils sont convaincus que l’un ne peut aller sans l’autre ! Pour écarter d’éventuels doutes persistants, il suffirait pour s’en convaincre de lire Les Trois Écologies [5] de Félix Guattari qui, dans une œuvre poético-philosophique, appelle à une écologie généralisée, c’est-à-dire à la fois environnementale, sociale et mentale, qu’il nomme l’écosophie.

Quelle place dans les initiatives écologiques ?

Malgré les signes de cette prise de conscience, parce qu’il s’agit d’un conditionnement culturel profond, il semble que la question de l’éducation soit souvent peu considérée et que les enfants soient mal voire pas du tout accueillis également au sein de certains groupes alternatifs (groupes politico-politiques, associations, collectifs citoyens, etc.). Certains cafés dits permaculturels refusent la venue de personnes accompagnées d’enfants, ce qui me semble totalement contradictoire avec le concept de permaculture où l’intergénérationnel est pensé comme étant d’une grande richesse pour toute-s. La résilience est permise par la diversité et exercer son pouvoir d’agir ensemble devant les enfants les invite à faire de même plus tard. Parfois, même lorsque les enfants sont les bienvenus, l’organisation des rencontres n’est souvent pas adaptée à leur venue. Ni l’espace ni le temps ne sont organisés de manière à répondre tout à la fois aux besoins spécifiques des enfants et des adultes. Quoi qu’il en soit, les thématiques autour de l’éducation prennent de plus en plus de place. Par exemple, au sein d’événements tels que les Alternatiba, villages alternatifs citoyens contre le réchauffement climatique et pour la justice sociale, il existe des quartiers Éducation, même si ceux-ci sont peut-être moins conséquents et moins « radicaux » que certains autres quartiers (Zéro déchet, Démocratie, etc.). Autre exemple : si Nuit Debout Paris a créé une commission spéciale Enfants-Parents, elle n’a, par exemple, pas souhaité soutenir de manière collective la manifestation dénonçant les restrictions de la liberté d’enseignement de certains amendements proposés par la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem le 9 juin 2016 pour intégrer la loi Égalité et Citoyenneté. Ce refus me semble être dû au fait que ce sont des parents non-scolarisants qui ont alerté la commission. Or la non-scolarisation n’est pas tant comprise comme une pratique sociale, politique, voire écologique comme je le soutiens pour ce qui concerne le unschooling, mais comme une pratique alternative en marge des alternatifs eux-mêmes, en bref une pratique trop « radicale », non encore acceptée comme pouvant entrer dans l’horizon des pratiques (éducatives) permettant plus d’autonomie, de liens sociaux et de solidarité. Je crois que le manque de connaissance et de réflexion sur le « scolarocentrisme » de la société française et plus généralement des sociétés occidentales, sur les éducations alternatives voire sur les alternatives à l’éducation en est donc l’origine. Toutefois, il y a des associations qui accordent à ces thématiques une grande importance conformément à leurs prises de position de départ et font leur possible pour repenser la vie associative incluant les enfants. Le temps et l’expérience permettent l’apprentissage de toute-s et une meilleure adaptation générale aux enfants. Chaque organisation, société comprise, fait son chemin, à son rythme. Tout en restant réaliste, observons donc toutes ces belles initiatives inclusives qui ne cesseront, j’en suis persuadée, de se reproduire ici et ailleurs !

Un maternage éco-cohérent

Daliborka : Plus précisément, qu’est-ce qu’une pratique de maternage écologique ? Certains la comprendront comme une pratique naturelle, instinctive, qui ne nécessite pas le secours de la technologie. L’allaitement est certes le produit d’une fonction naturelle du corps maternel et d’une compétence naturelle du corps du bébé mais l’allaitement, en soi, n’est pas évident et nécessite un apprentissage. Il faut en effet se méfier de ce genre de qualification, car en tant qu’animaux sociaux, nous sommes des êtres culturels ; nous créons des comportements en fonction de diverses opportunités, nous « accommodons » nos dispositions naturelles d’une infinité de façons. La détermination de l’écologique est dès lors une détermination culturelle et sociale, au-delà de l’individu.

On entend parfois qu’un allaitement, s’il est minuté (tétées de vingt minutes maxi toutes les quatre heures le jour et toutes les six heures la nuit) et dirigé par la mère plutôt que par l’enfant, n’est pas écologique. Et donc que certaines modalités culturelles de fonctions naturelles ne sont pas écologiques. Un allaitement écologique, c’est ainsi le sein à disposition de l’enfant quel que soit le moment du jour ou de la nuit, aussi longtemps qu’il le souhaite. En quoi cet allaitement-là est-il écologique ou « plus » écologique, étant entendu que l’allaitement dirigé représenterait déjà un « plus » écologique par rapport au biberon ? On comprend assez aisément que l’alimentation au biberon est plus énergivore que l’allaitement, même dirigé ; il nécessite la transformation de laits non-humains en une préparation, on ne dira pas « adaptée », mais « qui convient » à l’alimentation de bébés humains, le conditionnement de ces laits, la fabrication de contenants pour ces laits, le carburant pour acheminer contenants et contenus, la disponibilité d’eau potable pour préparer le contenu, pour nettoyer le contenant… Mais que l’allaitement soit dirigé par la mère ou par l’enfant, quelle différence ? pourrait-on demander ; l’un n’est pas, en apparence en tout cas, moins énergivore que l’autre. En réalité, la quantité d’énergie mobilisée pourrait ne pas être la même, à condition d’admettre que la dépense d’énergie ne se limite pas à un « simple » calcul de distance parcourue, de quantité de matières premières prélevées et transformées, etc., ce qu’on a l’habitude de prendre en compte dans le cadre des considérations écologistes, omettant peut-être la dépense d’énergie propre aux corps (par exemple, pour gérer le stress ou la réparation des circuits neuronaux endommagés [6] ou encore l’assimilation d’une alimentation non adaptée), indépendamment des médiateurs qui les lient. Sans doute, un bébé qui pleure pour réclamer sa tétée plus tôt que le prévoit l’horaire décidé par la mère et une mère qui déploie des finesses d’évitement pour le faire patienter représentent-ils une dépense d’énergie totale supérieure à celle d’un bébé qui obtient son mamelon immédiatement et d’une maman qui ne « lutte » pas contre la demande de son enfant, une maman « répondante ». Je vois venir les adeptes du maternage distal ; cette « lutte » ne serait que de courte durée et une fois le bébé « rodé », la mère serait tranquille… Ce serait sans compter les désavantages futurs d’un tel comportement dont la réparation doit aussi être comptabilisée dans la colonne des dépenses énergétiques. Sans doute est-il illusoire de voir comme plus facile une solution qui repousse un problème. Ce raisonnement peut être appliqué à tous les aspects de la vie d’une famille : sommeil, déplacement, jeux, communication, etc. Essayez d’envisager selon cette perspective le coût absurde, matériel, financier, humain, physique, psychique, affectif, du formidable détournement (hypocritement présenté comme une libération) des énergies parentales, au profit du productivisme capitaliste ; vous verriez peut-être alors la mise en garde des enfants (crèche, assistantes maternelles et autres systèmes de garde, même « gratuits » comme l’école) comme une surenchère énergétique écologiquement incohérente. Plus généralement, plus il y a d’objets, de médiateurs, de séparateurs entre les corps, tels les biberons, lits à barreaux, poussettes (parfois même un innocent livre peut séparer, quand on peut simplement raconter une histoire), plus le coût énergétique de la relation croît. Plus on lutte contre les besoins de son enfant, plus on augmente l’énergie qui est nécessaire pour vivre avec lui ; on donne des sucettes, des doudous, on « raisonne », on « le » raisonne, on détourne son attention à grands frais – alors qu’il suffirait de répondre. On est dans le maternage « additif », celui de la surenchère des moyens, mais aussi celui de la déperdition d’énergie. Quand, au contraire, on favorise la proximité, voire l’immédiateté des corps, on favorise l’immédiateté de la communication et donc on limite les moyens. Accepter les besoins de son enfant et simplement les combler, offrir le moins de surface de résistance possible, et se laisser plier pour mieux épouser les creux et les plis de la surface de l’autre, c’est assurément moins coûteux en efforts et en souffrances, à tous points de vue.

Mélissa : L’exemple de la communication sur les besoins d’élimination me semble également pertinent. Utiliser des couches avec pour objectif de ne pas se soucier des besoins d’élimination est une manière de les nier un temps pour y revenir aux 2 ou 3 ans de l’enfant lors de « l’apprentissage de la propreté ». Or les parents pratiquant l’hygiène naturelle infantile (utilisant des langes/couches lavables ou non) ne passeront pas par la case « apprentissage de la propreté », leurs enfants viendront, à leur rythme, à l’autonomie dans la gestion de leurs besoins pour lesquels leurs parents intervenaient avant. La dépense d’énergie paraît peut-être plus intense mais c’est oublier de compter l’énergie de production des couches jetables, de leur acheminement, de la quantité astronomique de déchets qu’elles génèrent, sans compter les trajets pour aller au supermarché les acheter, le travail nécessaire pour obtenir l’argent qui les paiera, le nombre d’allers-retours pour descendre les poubelles, etc. Et même si on s’accordait sur le fait que l’énergie impliquée dans l’écoute de son bébé est très forte au début, il est clair qu’elle est moindre en quantité totale rapportée sur la durée. L’enfant acquiert une réelle autonomie bien plus rapidement, et l’énergie directement engagée par le parent diminue très rapidement pour s’arrêter bien plus tôt que pour les parents ne communiquant pas sur ces besoins, et tout cela, sans compter bien sûr la satisfaction mutuelle des parents et des enfants qui reste primordiale. De la même façon, il y a un temps où le nettoyage lié au fait de laisser manger son enfant lui-même en menant sa diversification peut paraître fatigant, mais ne préparer qu’un seul repas pour toute la famille, pouvoir manger en même temps que lui plutôt que de s’impatienter en lui donnant la béquée reste un gain d’énergie incroyable !

Pour conclure, le parentage proximal et la parentalité qu’il implique sont écologiques. Les alternatives puériculturelles et éducationnelles sont de plus en plus représentées dans les initiatives écologiques. Soit les parents acquièrent une conscience écologique à la naissance de leurs enfants ou en grandissant avec eux, soit ils l’avaient déjà avant d’être parents et commencent à envisager l’éducation voire la non-éducation comme un sujet non dissociable de toutes les autres pratiques ou domaines sur lesquels ils ont déjà mené une réflexion. Quoi qu’il en soit, l’un participe de l’autre et inversement. Prenons soin de nous(-mêmes) !

Daliborka Milovanovic et Mélissa Plavis

* Mélissa Plavis est autrice aux éditions Le Hêtre Myriadis d’un ouvrage sur le unschooling, Apprendre par soi-même, avec les autres, dans le monde : l’expérience du unschooling.

1 Répondance : désigne la qualité de celui qui répond avec sollicitude à celui qui est en demande.

2 Claude Didierjean-Jouveau, « Histoire de l’allaitement au 20e siècle ».

3 Voir « L’art et la science d’être parent ».

4 Lire, à ce propos, Michel Odent, La Naissance et l’évolution d’Homo sapiens, Éditions du Hêtre (2014).

5 Éditions Galilée (2008).

6 Voir « L’art et la science d’être parent ».

Cet article a initialement paru dans le n°60 du magazine Grandir Autrement.

Catégories : Écoparentalité

2 commentaires

meyer · 7 juin 2018 à 18 h 15 min

bonjour

j’ai lu l’article en diagonale (bébé dormant sur moi)… pas le top devant l’ordi (et anti écolo, parlons en de la pollution informatique bref) mais je n’ai guère que ces moments pour m’informer et confronter mes points de vue à ceux d’autrui sur la question… (via le net qui est une source incroyable d’infos et de personnes reliées autour de sujets communs qui leur sont propres) comme vous et moi maintenant avec mon commentaire (je ne suis pas sur ce site par hasard)…

si nous pouvions vivre notre parentalité écologique dans son entièreté j’en serais ravie mais c’est encore impossible…

je pratique l’hni avec couches lavables (régulièrement), jetables (le moins possible) et sans couches aussi (régulièrement) en allant me promener aujourd’hui avec ma fille (sans lange) nous avons fait une promenade d’une heure à travers champs… et 2 arrêts pipi nature (elle a désormais 7 mois)
sans poussette évidemment, à bras avec une aide au portage hanche

je me disais: il manquera toujours qqch…

si je veux aller dans la nature avec elle, je dois soit d’abord traverser tout le village à pieds… (ce qui prend du temps) soit me rendre à l’entrée des champs ou bois avec elle en voiture (ce qui prends du temps, pollue, et me sépare momentanément d’elle physiquement et nécessite parfois une pause voiture pour un arrêt pipi)… pour Enfin être dans la nature

que j’opte pour l’une ou l’autre de ces deux options cela me prend du temps au sacrifice de mon travail à la maison (mon ménage, etc.) au sacrifice d’un repas pour ma fille en DME (tant pis si nous ne dinons pas, elle a quand même mont lait tout au long de la journée et nous mangerons au soir)

ce n’est qu’un exemple…

le problème est plus grand… nous ne vivons pas de manière naturelle, la nature est loin de nous… il y a trop d’asphalte et les gens où sont-ils ? enfermés dans des murs …. qui mon bébé et moi voyons-nous? je l’emmène à droite à gauche chez quelqu’un de temps en temps mais quand « travaillerons » nous ensemble, quand irons nous dans la nature ensemble hommes, femmes?
quand je vais chez qqn, chouette on voit du monde, mais c’est « pause café » rien d’épanouissant finalement….

comment voulez vous… j’essaie d’offrir à ma fille et de m’offrir à moi-même une parentalité et une vie écologique au maximum (et ce parce qu’il m’est impensable de la laisser faire dans sa couche, de la nourrir à la cuillère, de la priver de contact humain et de nature)

je veux juste dire que réunir toutes ces options c’est un vrai casse tete, j’ai le sentiment que malgré toutes mes pratiques, quotidiennement je dois parfois en sacrifier une au prix d’une autre plutôt que de parvenir à les combiner…

tout ça parce que la société entière vit contre nature, sans sociabilité (chacun chez soi)
et qu’il y a trop de béton!

il n’y a aucune harmonie pour nous adultes! ni pour les bébés… j’essaie d’en ramener mais ..comme je vous dis, une chose au dépend d’une autre…

le temps que le monde change…

moi qui rêve de vivre nue quand je le veux (parlons en aussi des habits, non écolos qui sont une entrave au peau à peau et n’aide pas du tout à l’hni), d’être dehors toute l’année ou presque tout en faisant à manger (ou autre), et tout en ayant des contacts passifs ou actifs (selon mes besoins) avec mes semblables qui seraient là, tout près, à faire la même chose de leur côté! tout ça dans la nature…
(ou dans des villages avec moins de routes, des maisons plus ouvertes! moins de barrières, de cloture)…

j’essaie chaque jour de rester positive et de ne pas me laisser déborder par une certaine tristesse à ne pas pouvoir vivre de cette manière…

chaque jour je me demande comment faire changer la société

soyez le changement que vous voulez voir dans le monde voilà….

il y a encore bcp de boulot avant que la société devienne « nature »…

le monde dont je rêve n’existe pas (encore) et je tiens à mes pratiques mais ce n’est pas si simple.

meyer · 9 juin 2018 à 15 h 47 min

J’aime beaucoup cet article et vous rejoins entièrement sur le sujet…

après une seconde lecture je voudrais encore soulever une chose

en ce qui concerne l’autonomie des enfants…

pourquoi les gens passent des mois à « apprendre » à leur enfant à « être seul », « s’occuper seul dans un parc ou un transat » « dormir » seul »… et ce alors qu’il ne sait même pas marcher et qu’il a le plus grand besoin des adultes (en premier lieu sa mère)… pourquoi les gens veulent forcer l’autonomie du bébé alors qu’il n’est pas prêt et que…. tenez vous-bien

au moment où l’enfant devient autonome, ces mêmes personnes qui ont tenté de rendre leur enfant autonome, contrecarre cette autonomie?

alors que le bébé acquiert ses capacités naturelles à manger seul en attrapant sa nourriture et la menant à sa bouche, l’adulte l’en empêche en lui présentant la nourriture à la cuillère sans que l’enfant ne puisse attrapera celle-ci (surtout pas d’ailleurs…)

dans le même ordre d’idée on le met dans une chaise haute de laquelle il ne peut ni entrer ni sortir seul ou dans un lit à barreaux (alors qu’il va à 4 pattes et sait donc se déplacer)…

pourquoi ces mêmes personnes qui ont le CULOT de vouloir que l’enfant soit autonome à un âge où il ne le peut pas… viennent ensuite contrecarrer son autonomie?

quelle grossière aberration

comment en est-on arriver là?
comment?

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